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caresses ; imaginez des prétextes pour refuser de communiquer avec ce réprouvé. — Hélas ! il est cependant bien dur pour moi… Je l’aime. — Et votre âme, malheureuse !




CHAPITRE VII


Où l’on fait connaissance avec le directeur et un ami de Sylvina


À Paris, une fille de treize à quatorze ans reçoit déjà quelques marques d’attention quand elle est jolie. À cet âge, si j’avais eu la clef des propos flatteurs qu’on commençait à me tenir, j’y aurais aisément reconnu l’hommage du désir. Mais, autant j’avais d’intelligence pour ce qu’il me fallait apprendre, autant j’étais bornée relativement à la galanterie. Me disait-on que l’on m’aimait, je répondais bonnement que j’aimais aussi ; mais sans me douter des plus intéressantes acceptions d’aimer, ce mot si commun ! Bref, je ne savais rien, rien du tout ; et sans des hasards heureux qui m’éclairèrent tout à coup, j’aurais peut-être croupi longtemps dans ma déplorable ignorance.

Au bout d’un an, Sylvino fut obligé de retourner en province pour quelques affaires d’intérêt. Nous ne fûmes pas plus tôt seules que sa femme se mit à vivre tout à fait différemment de ce qu’elle avait coutume. Plus de spectacles, plus de promenades, plus de parure. Elle arbora les grands bonnets, les fichus épais, les robes sérieuses ; elle s’éloigna peu à peu de toutes les sociétés. Nous ne bougeâmes plus des églises : comme je m’y ennuyais ! M. Béatin, prêtre-docteur et confesseur de ma tante, vint d’abord de temps en temps à la maison… ; puis il vint un peu plus souvent…, puis tous les jours…, puis il obtint qu’on renvoyât tout le monde quand il était là. J’étais aussi de trop ;