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qui avait veillé jusqu’au dernier moment à sa conservation, avait eu soin d’envelopper avec son enfant dans des couvertures ; on laissa périr sans secours tout le reste de l’équipage. Après cette funeste victoire, M. de Kerlandec continua à faire voile. Cependant Sydney, jouet des flots, s’accrocha à quelques débris de la frégate ; il est rencontré le lendemain par un bâtiment hollandais, qui le sauve, comme par un miracle… Il ne croit pas que sa chère Zéila puisse avoir évité la mort. Il retourne en Angleterre et y languit longtemps. Quant à Zéila, moins amoureuse de Sydney que Sydney ne l’était d’elle, et ne pouvant douter de la mort de ce malheureux amant, se trouvant d’ailleurs au pouvoir d’un vainqueur passionnément épris de sa belle figure et aussi tendre pour elle qu’il s’était montré cruel envers ses ennemis ; Zéila, d’un côté, sans appui, sans ressources pour elle-même et pour son enfant ; de l’autre, séduite par les appâts d’une fortune et d’un rang honorable qui lui sont offerts ; Zéila, dis-je, cédant à tant de considérations, épouse en arrivant en France l’amoureux Kerlandec.

On sait comment ensuite Sydney la retrouva, comment il s’en fit aimer de nouveau, et comment, prenant enfin sa revanche à Bordeaux, il punit Kerlandec de son inhumanité.




CHAPITRE XIV


Heureux changement dans les affaires du comte et dans les miennes.


Le cavalier dont mon aventure nocturne avec Belval m’avait procuré la connaissance, l’insensible marquis enfin de retour à Paris, vint aussitôt nous voir. Il s’était formé des liaisons assez étroites entre le malheureux comte et lui : leurs familles étaient de la même province. Le marquis