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CHAPITRE XIII


Qui n’est pas le moins intéressant du livre.


Le comte était désespéré de ce que nous ne nous étions pas trouvés à la maison lorsque Mme de Kerlandec y avait paru ; il lui tardait de savoir ce que cette dame pouvait penser de lui et ce qu’elle éprouverait en retrouvant un homme d’autant plus fait pour intéresser à la fin qu’elle était cause de tous ses malheurs et qu’elle avait envers lui de grandes injustices à réparer. Cependant, il ne savait comment s’y prendre pour se découvrir. Nous n’osions nous mêler de son affaire, à cause de milord Sydney, qui nous intéressait encore beaucoup plus, et qui pouvait avoir des projets auxquels il était à craindre que nos démarches en faveur du comte ne nuisissent. Avant donc de prendre un parti, avant même de consulter milord Sydney, nous lui mandâmes que nous avions vu Mme de Kerlandec ; que celle-ci, croyant sur un faux rapport, lui, Sydney marié, avait paru mortellement affligée. Nous parlions aussi du comte, nous demandions quelle conduite il était à propos de tenir avec cet homme passionné. Milord Sydney répondit qu’il se disposait à nous rejoindre sous peu ; il ajoutait : J’ai peine à vous définir, belle Félicia, ce qui se passe maintenant dans mon cœur. Je vous aime ; mais si vous saviez de quelle force les liens qui m’attachent depuis si longtemps à la belle Zéila… je ne vous l’ai point caché ; faite pour être adorée par vous-même, vous ne m’aviez peut-être charmé que par une ressemblance étonnante avec une femme que je ne cessais de regretter. Je croyais avoir à me plaindre d’elle ; je n’avais qu’à me louer de vous ; je m’étais donc persuadé qu’attaché désormais exclusivement à vous, je pourrais revoir Zéila sans amour et lui connaître sans