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est bien gros. — L’objection était plaisante, et j’en ris de bon cœur.

Cependant ils s’arrangèrent d’autant plus facilement que, le même jour, monseigneur écrivit de Versailles qu’après avoir fait encore quelque temps sa cour, il irait en province avec son neveu, dont le frère touchait à ses derniers moments ; on n’attendait que la mort de celui-ci pour marier le chevalier. Son oncle avait en vue une riche héritière. Il allait lui ménager cet établissement. La retraite de monseigneur mit en pied le gros Kinston.

C’est ainsi que le destin manifeste ses volontés. Veut-il qu’un événement arrive ? Il en fait naître d’autres afin de déterminer le choix des aveugles humains, qui, sans cela, pourraient bien ne pas entrer dans ses vues. C’est une belle chose que la prédestination.




CHAPITRE IV


Suite du précédent.


Milord Kinston vint sur le soir, la tête pleine de mille beaux projets, dont la moitié me concernait, étant sûr, disait-il, de n’être point désapprouvé de milord Sydney. D’abord il était d’avis que nous quittassions notre logement, trop étroit et que nous prissions un hôtel entier. Il en avait déjà un en vue. Puis nos meubles ne convenaient plus, il fallait les renouveler. Nous avions emmené de ma terre six chevaux anglais parfaitement appareillés, mais notre voiture de ville était trop simple et déjà un peu ancienne : milord voulait que nous eussions chacune la nôtre et qu’elles fussent du dernier goût. Il savait où les prendre dès le lendemain. Quant aux diamants, Sylvina en avait peu, et moi presque point. Kinston, soi-disant grand