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propriétaire n’est, autant qu’effronté barbarisme, que fastueuse fausseté.

Après toi, dans quelles mains tombera ta fortune ? De qui sera-t-elle la proie ? Il ne t’appartient de le savoir ; mais ton ami, mais le cœur de ton ami, dont les battements sont pour toi, de qui sera-t-il la possession ?

De personne ; il est fixe, inaliénable, intransmissible. Quelle autre invincible raison aux sages de dire :

Ne laissez pas croître l’herbe sur le chemin de l’amitié ; l’entretenez par tous les bons offices : la confiance, la complaisance, l’estime, ses éléments de vie.

Encore : obligez vos amis pour vous les attacher davantage ; usez de cette libéralité qui soit utile à vos amis et ne nuise à personne.

Il est très certain, le prix de l’amitié étant dans l’amitié, les vrais amis aiment sans pensée d’intérêt.

Néanmoins, rien n’est doux comme une bienveillante réciprocité. Ou donner alors ou recevoir est si délicat plaisir.

La raison de raison, qui ne la voit ?

Bien que les bons offices et les dons d’un ami ne soient point chers comme l’amitié, ils le sont beaucoup ; car, ils la prouvent ; car, tout part du cœur.