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Avec celui qu’on voit par goût et par estime, il semble qu’on n’en ait jamais assez. Sans lui, l’on ne croit pas vivre d’une vie vivante.

L’amitié est-elle le plus doux et le meilleur des plaisirs. La joie qui naît d’elle satisfait l’âme et ne la corrompt pas, la vérité en étant le fond ; la vertu, la tige ; le cœur juste, le trône.

Ô grandes âmes, que de raisons à vous d’embellir par de tels charmes ce qui passe si vite !

En ce monde qui, sous l’œil de Dieu, n’est que le petit grain de sable qui fait à peine incliner la balance, que la goutte de rosée du matin, que pouvoir imaginer de si court et de si borné qui le soit moins que la vie la plus longue ?

Si la religion sanctifie d’aussi beaux sentiments, l’amitié n’est plus chose humaine ; c’est, je l’oserai dire, Paul, ce beau génie et le grand docteur des chrétiens, m’y autorise, quelque chose de divin.

Mais ce XIXe siècle exalte autre chose.