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               L’HEURE TRAITRESSE

 Le ciel d’une pâleur bleue et si tendre
 Est doux comme une main de femme sur les yeux

 Voici, sous le vent qui hâle, se tendre
 Courbé, l’évoluant essor silencieux
 D’une seule voile aux blancheurs comme pennées;
 La mer, en ses mollesses de réveil
 Mouvant ses gemmes lourdes par traînées,
 Garde les teintes des visions du Sommeil.
                            *
                           * *
 Le rire d’or des fenêtres chante
 En le lilas moite des façades
 Où biglèrent méchamment des vitres saignantes.
                            *
                           * *
 L’air pur encore des monstrueuses fumées
 Est un baiser des bois aux sirènes des rades.