Page:Nadaillac - La Guadeloupe préhistorique, 1886.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
LA GUADELOUPE PREHISTORIQUE

dû servir ; d’autres fois, il est complètement émoussé. Ces haches sont rarement percées (fig. 4) ; elles sont en général munies d’une tête quelquefois ronde, quelquefois plate, séparée du tranchant par une gorge ou une cannelure plus ou moins profonde, plus ou moins régulière (fig. 5 et 6). Cette gorge permettait d’assujettir plus facilement l’arme à un manche au moyen d’une cordelette tirée soit du cotonnier, soit des graminées qui poussent en abondance dans ces îles. La gorge est généralement rapprochée de la tête ; on en voit cependant où elle est placée vers le milieu, permettant ainsi de frapper des deux côtés (fig. 7). Les celts sont bien plus rares à la Guadeloupe que les haches ; ils sont généralement en serpentine, en jade, en jadéite ; on en voit aussi provenant d’une coquille, le Strombus gigas, très commun dans la mer des Antilles, et à qui la fossilisation donne la dureté et le poli de l’ivoire. On rapporte que les Caraïbes faisaient une profonde incision dans une branche d’arbre en pleine sève et y plantaient la pierre qu’ils venaient de tailler ; ils obtenaient ainsi avec le temps une arme indestructible. Mais ce procédé était fort long et ne pouvait toujours être employé. Les celts devaient donc être attachés comme les haches à des manches en bois, au moyen de filaments végétaux. C’est le mode employé aujourd’hui encore par les Canaques et par d’autres sauvages peu familiarisés avec l’emploi des métaux.

Mentionnons aussi les casse-têtes, simples pierres de forme ronde, presque toujours très lourdes, percées d’un trou central où s’adaptait le manche ; maniés avec force, ils devenaient une arme des plus redoutables. On en a recueilli qui ne sont ni percés, ni disposés en aucune façon pour recevoir un manche ; le guerrier ne pouvait s’en servir qu’en les tenant à la main dans un combat corps à corps. Leur forme dans ce cas était choisie de manière à les saisir avec plus de facilité. On peut encore citer parmi les outils, qu’il est souvent presque impossible de distinguer des armes, des poinçons toujours assez rares et des ciseaux que l’on rencontre au contraire en grand nombre. Leur tranchant est très affilé et quelques-uns sont polis avec autant de soin que les celts ou les haches.

Les Caraïbes employaient des pierres plates creusées au milieu et des pilons ou des broyeurs de pierre (fig. 8) pour écraser les grains qui servaient à leur nourriture. Les pilons rappellent par leur forme