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CHATEAUBRIAND ET l' ACADÉMIE EN I8II 803

du 10 Mai 1811. Il y a une consolation pour nous à lire ces phrases pessimistes. Comme l'avenir nous trompe quand nous le prévoyons noir... et nous détrompe quand nous le voyons coloré ! A côté de cette lettre, si j'ornais ma chambre d'inscriptions m'exhortant à vivre pleine- ment la minute présente par l'exemple des démen- tis de l'avenir, je placerais le billet qu'adressait Bonaparte à Bourrienne en T796 : " J'aimerais une petite maison de campagne avec une petite ferme dans le voisinage. Le rivage de l'Yonne est beau et frappe souvent le voyageur qui l'admire. Cherche, mon ami, à me satisfaire. Tu connais mon goût et mes désirs... "

En Février 18 11, trois mois avant la lettre douloureuse que j'ai citée et qui contraste si sin- gulièrement avec l'idyllique demande du futur Napoléon tout en appelant la même conclusion, Chateaubriand parait moins désespéré. Il s'est résigné à être candidat à l'Académie, il doit ac- complir le rite des visites à ses futurs collègues, et il a sa manière, qui ne paraîtrait point l'ordi- naire à notre temps, et qui ne l'était point sans doute absolument non plus au sien car ses con- temporains l'ont notée. Chateaubriand était fort bon et beau cavalier — du moins dans les rues de Paris, car sur les routes de V Itinéraire nous le voyons plusieurs fois tomber : une fois entre autres sur le chemin de Troie : et non loin de

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