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CHATEAUBRIAND ET l' ACADÉMIE EN 181I 799

quant au discours de réception mécontenterait un homme dont les colères avaient force de loi, ce qu'il avait déjà éprouvé. Mais on n'est pas maître de sa destinée, bien qu'en prétendent les gens pour lesquels la destinée est bienveillante. Aussi Chateaubriand accepta de poser sa candidature à coup sûr, pressé par ses amis, presque forcé par Napoléon lui-même qui espérait peut-être le con- quérir, et qui s'y prenait d'ailleurs de la manière forte : " J'avais, dit plus tard Chateaubriand, reçu l'ordre du duc de Rovigo de me présenter pour candidat à l'Institut sous peine d'être enfermé à Vincennes pour le reste de mes jours. "

Peut-on vraiment dire que Napoléon voulut conquérir Chateaubriand . Ce serait donner un charme à l'Empereur dont celui-ci se gardait bien : ce serait surtout en faire un homme comme d'autres hommes, ayant des qualités d'amour, de désir, de relative modestie puisqu'il considérerait la valeur en soi d'un autre individu. Pour nous mettre en garde il y a une phrase de M™^ de Staël rudement frappée : " il regarde une créature humaine comme un fait ou une chose et non comme un semblable. " Napoléon veut garnir l'Institut comme il disposerait sur une étagère les plus célèbres bibelots. En 1 8 ii la renommée littéraire de Chateaubriand est grande. Elle a un aspect indépendant. Elle en perdra le côté dange- reux, ou agaçant au moins, quand elle sera à sa

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