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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 73 1

VI LES TRIBULATIONS DU BON PASTEUR

Une après-midi^ devant son presbytère^ se promène^ lisant son bréviaire, Vabbé Pastorelli^ curé d'Opio. Cest un homme dnns la force de l'âge, portant avec toute l'élégance dévolue à la robustesse Vhumble soutane du prêtre de campagne. Sa figure énergique, aux traits accusés, au nez droit et fin, à la bouche violente et faite pour V éloquence, est animée de deux yeux admirables: bleus et clairs, d*une autorité magnétique et qui peuvent être terribles dans la colère, sous le froncement de leurs sourcils touffus. Encore une des nombreuses erreurs de la vie. A cet homme d'action, il aurait fallu, dans Vépiscopat ou chez les missionnaires, une place où ses facultés eussent pu se déployer : le jeu des volontés ecclésiastiques, et peut-être aussi des intrigues, l'ont amené là, en ont fait le desservant d'une minuscule paroisse perdue dans les collines de la Ligurie. Opio {corruption du mot latin oppidum), est, dans les proches environs du Pré-du-Lac, un gentil et pittoresque village qui fut autrefois, comme Fétymologie l'indique, une place fortifiée. Bâti sur une éminence aux bords escarpés, il paraît bien en effet, à qui le regarde d'en bas, une sorte de miniature de citadelle ; mais à l'intérieur il n'est que paix et caltne, surtout sur la petite place oit se promène son recteur. Cette petite place ne présente pourtant rien de particulièrement remar- quable : le presbytère, la maison qui le joint, les planches en escalier qui leur font face, à gauche l'église, tout-à-fait sans style, à moins que l'on ne

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