Page:NRF 5.djvu/716

Cette page n’a pas encore été corrigée

yiO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

c'est encore ce petit assassin qui nous a brouillées... {Elle lui montre le poing.)

Le petit NÈGRE, que la fureur gagne. — Répétez-le encore une fois, que je suis un assassin, vieille folle pourrie, vieille tisigue, et je vous casse tous mes œufs sur la figure !

Natatoire, chez qui la solidarité féminine devient plus forte que toute rancune. — Pas avant d'avoir réglé notre petit compte de la semaine dernière. {Elle agite sa cuiller de bois.)

Le petit Nègre, sur la défensive^ un œuf à la main. — Approchez-moi, seulement I...

Natatoire^ nonobstant., se jette sur lui. Cela devient indescriptible^ aussitôt. Car le petit Nègre envoie de toute la force de son juvénile bras^ pareil déjà à une fronde, un œuf qui vient s'écrasser sur l'œil fatigué de madame Cresp-Pois-Rouge. Puis il donne un coup de pied dans le panier, dont le contenu roule de tous côtés, mais plutôt selon la pente du chemin, et il se sauve en brandissant triomphalement le beau pain au beurre, le pain parisien que M. de Chatel fait faire exprès pour lui dans la première boulangerie de Grasse, le pain qu'il réservait à ses invités. Tumulte inextricable. Madame Cresp-Pois-Rouge, exaspérée mais trop débile, se jette sur le fuyard, tombe à terre sur d'autres œufs, se ramasse et, découragée, finit par renoncer à toute lutte contre l'invicible gnome.

Monsieur de Chatel. — Il y aura trois fois de lièvre, sept espèces d'olives, mais pas de pain.

Maurice. — Aïe ! mon optimisme commence à pâlir. . .

�� �