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NOTES 623

de M. Gustave Dupin raconte l'Odyssée d'un poète pauvre à Paris. Ou\Tons au hasard :

Ah, grands dieux qu'il en est des vendeurs patentés A V affût des auteurs inexpérimentés : Arachnides guettant au centre de leurs toiles ,

Le papillon poète et rêveur aux étoiles l Notre provincial par douzaines en vit, Dont je veux épargner au lecteur le récit. Etc.

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REPRISE DE PELLÉAS ET MÉLISANDE (Opéra- Ck)mique).

L'Opéra-Comique a repris récemment Pelléas et Mélisande. Et l'oeuvre a montré une fois de plus sa vertu en triomphant de ses interprètes. Elle est si juste (au sens où l'on dit qu'une robe est juste) qu'elle a contraint la nouvelle Mélisande à une sobriété que l'on n'espérait pas. EUe est si forte que la mollesse de Golaud ne suffit pas à embarrasser son élan.

Cependant on se prend à regretter les belles auditions de 1902 et 1904, à regretter surtout, en écoutant la lourde direction de M. Ruhlman, le déUcieux orchestre que savait émouvoir M. Messager. Il faut — déjà — se permettre la joie de quelques souvenirs.

On ne sait peut-être pas assez ce que fut Pelléas pour la jeunesse qui l'accueillit à sa naissance, pour ceux qui avaient de seize à vingt ans quand il parut. Un monde merveilleux, un très cher paradis où nous nous échappions de tous nos ennuis. Toute la semaine, au lycée, nous l'attendions, nous parUons de lui. Avec quel amour et quel respect ! Il était le bienfait de nos emprisonnements. Et le Dimanche venu, (car nous ne pouvions l'entendre qu'aux matinées) de nouveau cette musique, de nouveau ce pays sonore où s'enfoncer, les trois dimensions mystérieuses de ce royaume ravissant. C'est sans métaphore que je le dis : Pelléas était pour nous une

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