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l'art de m. HENRY BERNSTEIN 575

si l'on n'est pas en présence d'un autre artificiel, d'une autre mollesse de conception, plus grave parce qu'elle est déguisée sous les apparences de la force.

En explorant le théâtre de M. Bernstein, y cherchant la puissance et ne l'y trouvant point, du moins découvre-t-on de quel malentendu fut victime la confiance du spectateur. Par une double confusion, on a pris l'agitation et la brutalité des personnages pour de la force, et celle-ci à son tour pour la force créatrice de l'auteur. C'est trop se laisser faire cette fois.

Sa vigueur, l'auteur pouvait nous l'imposer de deux façons : créer des êtres vraiment puissants, puissants par leur seule présence — ou bien jeter ses personnages dans des situations telles que leurs muscles se tendissent contre une résistance réelle, au lieu de seulement se crisper à vide. Il n'en a rien fait, et pour cause.

La puissance consiste à entasser les matériaux, à faire de tous les obstacles un bûcher, et à placer au sommet ce qu'on veut exalter ; non à choisir la plus mesquine impulsion, l'action la plus com- mune, à l'envelopper de néant, à creuser un large vide alentour, et à faire ainsi paraître grand ce qui n'est (\\i isolé par artifice.

Cette secousse violente éprouvée par l'auditeur de bonne volonté devant le fait qui se déroule sous ses yeux, cette étreinte rapide, si semblable à ce

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