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l'art de m. HENRY BERNSTEIN 573

première lecture épuisent tout. On songe avec quelle hâte Shakespeare, qui ne craignait pas le fait à la scène, s'en débarrasse cependant pour faire place au discours. Pour lui l'œuvre est un cristal, dont les faits n'occupent que les arêtes.

Chez M. Bernstein, le fait s'étale et se prolonge; il règne en maître ; sa préparation, son commen- taire, voilà toute la matière du drame. L'esprit doit être constamment occupé de l'accident possible, qui se présente sans cesse au cours du dialogue (c'est l'issue d'un duel qui devient le sujet d'Israël).

Du moins défendrons-nous une qualité, celle qui nous frappa tout d'abord : cette habileté dans la conduite des scènes principales, une fois celles-ci amenées par tous les moyens. 11 est vrai que l'action n'a plus qu'à rouler vers la crise finale comme sur une pente, et que tous les obstacles sont écartés...

On a parlé de réalisme, de don d'observation directe — mais celle-ci s'est appliquée à un monde bien restreint, et l'on y chercherait en vain quelque intuition créatrice. Ce que l'auteur ne connaît que par ouï-dire est si grossièrement tracé, que l'on se demanderait s'il nj a pas gageure; mais non, il ne s'y connaît qu'en réflexes.

Peinture de mœurs. Mais quelle fâcheuse aven- ture que celle d'un écrivain peignant les mœurs d'une société qui précisément n'en a point...

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