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III

ANNONCIATION


Dans le silence, à coups très doux, les heures tombent ;
Dans le silence, à pas très doux, par le verger,
Un ange triste est arrivé au vent léger ;
Ses pieds posés sur l'herbe ont l'air de deux colombes.

Un ange las est arrivé au vent léger
Qui fait gonfler ses deux ailes comme des voiles ;
Dans le verger, sa robe calme en fine toile
Est si blanche que l'on croirait qu'il a neigé.

Un ange frêle est arrivé en robe calme.
Il est si las, il est si triste, il a si froid ;
Sa dextre porte, ainsi qu'un cierge, un lys tout droit
Mais des frissons ont secoué ses ailes almes.

Ses pieds sont las de la poussière des chemins
Et la rosée à ses cheveux laisse des gouttes.
Sa ceinture s’est dénouée au long des routes ;
Il n’y a plus de baume aux paumes de ses mains.

Il voit filtrer de la lumière sous la porte ;
Il n'ose pas faire tomber le lourd marteau
Et comme un pauvre attend l'aumône au bord de l'eau
Il a peur de frapper et voudrait que l'on sorte.