Page:NRF 5.djvu/562

Cette page n’a pas encore été corrigée

^^6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fer, dans quelque ruelle où les maisons haussent comme une coupe de jade au bout de mains sales, un pan de ciel crépusculaire..

Les murs s'observent avec la lassitude de vieux partenaires et comme les éternels vis-à-vis d'un bal pauvre.. Des loques ricanent sur des cordes, aux fenêtres. Des coins recèlent d'étranges visages. J'entends des fins de scène et des yeux fixes me défient..

Des enfants piaillent dans l'ombre et tombent. Une voix grondeuse les relève. — La ruelle est si mal pavée que tout le monde a l'air d'y boiter. Le dos d'une vieille tourne au bout d'un passage. — Un chat débuche — et c'est deux pastilles de lune..

Le ciel se fonce entre les murs comme une grande fleur, là haut, dans un vase de fer. Un quinquet de travers, couleur d'oignon brûlé. Son bras de fer : Son tintement l'allume. De courtes flammes bleues pointent dans les cuisines.. Des échoppes s'éclairent, baissent et tremblent.

Une fille ouvre sa fenêtre. Et je vois sa lampe, coiff^ée de rose, comme un long flamant debout sur une seule patte..

Rappelle-toi nos descentes sourdes dans les esca- liers jaunes où flue l'haleine des plombs sans cou- vercle ouverts sur le soufre des cours, les rais du ciel dans une gouttière, le coin bleu d'un toit où un tuyau bave, et cette femme au casque sombre, aux jambes gantées de bas rouges, et ton cœur qui

��à

�� �