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PETITS DIALOGUES GRASSOIS 529

Je la trouve très héroïque, dans sa situation, de lutter si longtemps...

Madame Charras. — Mais la taille, madame la comtesse, sa taille !... Elle a justement élargi de quinze centimètres depuis l'an dernier. C'est pour maigrir que vous la voyez faire tous les matins deux heiu^es de pro- menade à pied.

Mademoiselle Cazagnaire. — C'est bien inutile, ces précautions-là. Quand on est destiné à grossir, rien n'arrête l'embonpoint.

Madame Charras. — Enfin, embonpoint ou non, madame Brun se marque. Et c'est dommage, car elle a été bien jolie femme... Oui, mes petites, c'est comme ça. Vous ne pouvez pas vous le rappeler, parce que vous étiez encore des bébés, mais madame Brun a été la plus jolie femme de la ville. Cela ne dura point, d'ailleurs.

Mademoiselle Cazagnaire. — Si peu de temps que ça ait duré, elle en a bien profité.

Madame Charras. — Malheureusement poiu- elle, moins qu'on ne pense... Mes petites, écoutez, vous êtes bien gentilles, mais maintenant que le thé est servi, vous feriez bien de laisser les grandes personnes causer un peu entre elles... [Les jeunes filles, navries, font leurs adieux et vont se placer derrière la porte, pour ne rien perdre d*un récit qu elles savent par cœur d* ailleurs, mais qui, enfin peut- ttre, pourrait, aujourd'hui, s' agrémenter de quelques fiori- tures)... Pauvre Emilie ! Elle a été bien éprouvée ! Moi, d'ailleurs, je puis le dire — je n'ai peut-être que ça pour moi, — mais je suis une amie fidèle. Je me suis obstinée même au moment de ses... erreurs, à la défendre, cette pauvre chère... Elle n'a eu que moi. Et j'ai la satisfaction

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