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512 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

paquet de mes habits, ouvre tout doucement, sans bruit, la fenêtre, et je me jette dehors, sur une espèce de carré de gazon que je savais qu'il y avait au-dessous.

Joseph, P esprit éclairé d^une brève illumination. — Et c'est comme ça que ça vous est arrivé, l'accident ?

Le cul-de-jatte du cours. — Mais non. Je ne me suis pas fait mal en tombant sur le gazon. Seulement, tout à coup, je reçois une volée de coups de trique, mais vous savez, des coups de trique, comme si un régiment tout entier s'était jeté sur moi. C'était le bedeau, simple- ment. Mais il avait dû tailler son gourdin dans un tronc de chêne, ma parole, et il me visait au genou, toujours au genou, le bandit. C'était dans l'obscurité. Au premier coup, il m'avait renversé et ensuite il m'avait tapé dessus, par terre, sans me laisser le temps de me relever, et tou- jours sur les genoux... Il m'en a cassé un, à la fin, net comme une vieille branche sèche.

Joseph, indigné. — Et vous ne pouviez pas lui coller une bouffe ?...

Le cul-de-jatte du cours. — A un moment, j'ai eu tellement mal que ça m'a fait sauter, comme une grenouille. Je lui ai saisi son bâton, j'ai grimpé tout le long, comme une mouche, et alors j'ai pu l'attraper, ce... bedeau de bedeau. Je lui ai accroché la tête, comme un singe qui tient une noix, et j'y ai mordu dedans, à même... Tout ça dans l'obscurité, hein ! et en silence, parce que, comme on cherchait à s'assassiner, nous ne pouvions pas attirer les gens... A la fin, le salaud, il a trouvé un coup d'Italien, — on appelle ça aujourd'hui un " zuzitsu ", — il m'a planté le pouce dans le genou qu'il m'avait cassé. Alors, rocs mains se sont ouvertes et je l'ai iâché.

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