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NOTES 477

du trait des valeurs, des couleurs. Mais que dire devant ces quelques grands cartons qui sont indiscutablement d'un maître ? Vues de Venise, de Rotterdam, à l'encre de chine, blanc et noir, sans le prestige trop souvent trompeur du pigment coloré, valables par la seule plénitude des formes, barques, mâts, voiles, coupoles, nuages amoncelés ! Voilà des pages éloquentes. Et Guardi n'eût pas mieux établi la Sainte au-dessus des flots adriatiques tourmentés. Grande sera la consternation de ceux qui auront reproché au toiles polychro- mes de M. Signac leur inconsistante géométrie, en face de ces plans solides, de ces volumes amples et vivants. Réponse nécessaire, décisive ! et nous-mêmes, qui l'attendions, sommes surpris de sa véhémente beauté.

Quelques tapisseries de Maillol, un peu influencées de Maurice Denis, de dessin tant soit peu contourné et fHDurtant simple, d'une savante composition, striées de belles lignes comme épanouies en bouquet, mêlent la suavité de leurs soies pâles, au fort et suave ensemble de Signac. Quand les Gobelins s'adresseront-ils à ces décorateurs-nés que sont Maillol, Denis, et surtout Vuillard et Bonnard ?

H. G.

��LECTURES

A l'occasion du bi-centenaire de la mort de Boileau (13 mars), ceux de nos lecteurs qui connaissent déjà sa lettre à M. de Maucroix du 29 Avril 1695, nous pardonneront d'en donner ici, pour le plus grand plaisir des autres, cet important passage :

Je suis bien aise que mon goût se rencontre si conforme au vôtre dans tout ce que je vous ai dit de nos auteurs, et je suis persuadé aussi bien que vous que M. Godeau est un poëte fort estimable. Il me semble pourtant qu'on peut dire de lui ce que Longin dit d'Hypéride, qu'il est toujours à jeun, et qu'il n'a rien qui remue ni qui

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