Page:NRF 5.djvu/446

Cette page n’a pas encore été corrigée

440 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de ses lèvres que le peintre avait dessinées entr'ouvertes. Un grand manteau de voyage, une sorte de water-proof, d'une étoffe assez commune semblait-il, la recouvrait mais, relevé de côté, laissait voir une jupe noire de taffe- tas luisant sur lequel sa main dégantée, qu'elle laissait pendre et qui tenait un mouchoir chiffonné, paraissait extraordinairement pâle et fragile. Une petite capote de feutre et de plumes moirées, à brides de taffetas, la coif- fait ; une boucle de cheveux très noirs repassait par dessus la bride et, dès qu'elle baissait la tête, revenait en avant cacher la tempe. On l'aurait dite en deuil sans un ruban vert-scarabée qu'elle portait autour du cou. Madame Floche ni elle ne disait rien ; mais, de sa main droite, Isabelle caressait le bras, la main de Madame Floche et l'attirait à elle, et puis la couvrait de baisers.

A présent elle secouait la tête et ses boucles flottaient de gauche à droite ; alors, comme si elle reprenait une phrase :

— Tous les moyens, dit-elle; j'ai vraiment essayé tous les moyens ; je te jure que...

— Ne jurez point, ma pauvre enfant ; je vous crois sans cela, interrompit la pauvre vieille en lui posant la main sur le front. Toutes deux parlaient à voix très basse, comme si elles eussent craint d'être entendues.

Madame Floche se redressa, repoussa doucement sa nièce, et s'appuyant sur les deux bras de son fauteuil, se leva. Mademoiselle de Saint-Auréol se leva pareillement, et tandis que sa tante se dirigeait vers le secrétaire d'où Casimir, avant-hier, avait sorti le médaillon, elle fit quel- ques pas dans le même sens, s'arrêta devant une console qui supportait un grand miroir et, pendant que la vieille

�� �