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404 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sommeiller sans mauvais rêves, tu te connaîtras délivrée de ta tâche, comme l'arbre qui ayant rendu à la terre toutes ses feuilles dresse plus haut ses branches rouges dans la solitude du ciel d'octobre.

��Comme le fermier qui a fait un bon marché dit en rentrant à la servante : " Monte un litre de cidre, car la journée n'a pas été mauvaise, " moi aussi je suis content ce soir. Ah ! vous rappelez- vous encore que l'aube fut d'une lourde tristesse, que le vent toute la matinée rabattit la fumée sur les toits, mais qu'à midi dans les nuages des coins d'azur se montrèrent, tels qu'on voit le ciel à travers les branches } C'est alors que comme hier je l'ai rencontrée, et je lui dis : " Regardez-moi. Regardez-moi, enfant. Je ne suis déjà plus jeune ; si mes paumes ne sont pas calleuses ni mes épaules déformées, c'est que je n'ai pas conduit la charrue, mais le travail que j'ai dû faire était bien fatigant aussi. Pourtant, tel que je suis, prenez-moi ; voici mes yeux qui en se levant sur vous se reposeront des livres ; voici mes mains; voici mon corps d'homme qui a fini d'être robuste, qui joyeuse- ment, si vous le voulez, se donne à votre faible corps, comme un lys à demi fané qui se réjouit enfin d'avoir trouvé une abeille. " — " Mais moi, demanda-t-elle, que vous donnerai-je en échange.

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