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3^4 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

les fruits " ; ou bien, dis-tu encore, " ménager un chemin dans la vigne c'est mieux atteindre aux grappes. " Ainsi à tous et à toi-même tu dispenses des préceptes ; ta vie est telle qu'un terrain fécond, disposé avec choix, suivant le sens du sol et des cultures.

Pareil au tâcheron qui fait sa journée, tu vas, droit devant toi sans faiblir, mon maître. La taille et la greife des arbres dans les espaliers, le labour de la terre, le geste des semailles, le soin charmant des fleurs occupent tes instants. Ferme et robuste tu vas parmi ton domaine. Et lui, ton gentil Pradel, contemple-le dès l'avril, orné de parterres, en juin étincelant de verdure, riche — en août — des plus vives richesses ; en septembre le faisan n'offre pas de plus chaude parure que lui ; et, l'hiver, l'écureuil des bois qui casse et croque des faînes n'a pas couleurs plus rousses que les siennes !

Toi, de même qu'un botaniste qui ferait son herbier, tu notes tout cela ; et souvent, tandis que le raisin fermente dans le cellier, que les fruits mûrissent dans le fruitier, que les figues sèchent sur les claies, mon doux ménager, tu composes ton livre !

Il arrive aussi, par les soirs d'été, quand tout repose au Pradel endormi, au moment secret où. d'autres se glissent au lit des servantes, que tu médites encore, plus ardent et plus inspiré. Tu te dresses alors de toute ta taille ; tu vas vers ton

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