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��SUR LE " TRISTAN ET ISOLDE DE WAGNER

��Monstrueux chef-d'œuvre ! J'y entre comme dans la nuit noire et bleue. Les formes autour de moi deviennent fantastiques ; je ne les reconnais plus. Elles ressemblent à des arbres plongés dans le courant des ténèbres. Cependant je n'ai d'autre ressource que d'attendre le jour.

Il n'y a pas d'oeuvre plus dépourvue d'espoir que Tristan ; car le désir est le contraire de l'espoir. A chaque mesure et dès la première le désir. D'abord il se traduit par cette sorte de continuité basse, par cette tenue de la mélodie pareille à la longueur des sens. Il dure sans pause ni pitié : de là la sifflante persistance de la phrase musicale ; elle semble portée par je ne sais quel souffle aride et inapaisable. Elle est faite de flammes soumises, alliciantes, mais qui gardent la violence attachée du feu. Le thème du Regard^ avec sa souplesse qui ne lâche pas, est interminable comme la demande du désir, chargée d'une accusation infinie. Il monte élastique et suivi, il est l'humble et exigeante

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