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NOTES 327

s'en aller. On s'émeut d'une telle abondance, suivie d'une telle stérilité. On comprend alors pour quoi l'oeuvre de Musset paraît, tout ensemble, si riche et si vaine, selon qu'on en considère les promesses ou l'échec con- sommé.

Un enfant n'est jamais artiste, non plus qu'une femme. L'art est un dieu qu'il faut servir uniquement, pour le connaître. L'enfant de chœur joue à servir la messe. Le respect ne suffit pas.

L'esprit sauve Musset, et même parfois ses vers, d'une facilité si lamentable. Il a le tour léger, et l'accent pur, qui est de Touraine. D'ailleurs, il est bien moins facile en prose, où, abandonnant la rime et la césure, il varie son rythme. Quand on ne voudra plus le lire, on lira toujours son théâtre, d'un goût charmant. L'invention y est délicieuse. C'est là qu'il est poète. Le théâtre de Musset est le seul de son siècle : il dure par l'imagination et par le style. Il vient de Ronsard et de Watteau. Tout y est jeune, avec la douce méchanceté de la jeunesse et ce charme vert du printemps, qui est la feuillaison du désir. Là seulement, en France, on retrouve la fantaisie, la grâce ailée et le charme de Shakespeare. L'amour y passe, et son ombre est partout, cette ombre double au soleil et à la lune, faite de tendresse un peu folle et de rieuse mélancolie. "

��Francis Jammes vient de publier dans le Mercure du 16 Dec. une longue pièce de vers : Les Georgiques chrétiennes. Sous une forme ultra classique et d'apparence des plus rigides, il a su garder à son vers toute son originalité et la fluidité la plus grande. Il me parait que Jammes n'a jamais rien écrit de

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