Page:NRF 5.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

ISABELLE 301

nous voir davantage et de convenir de tout ceci de vive voix. Tu sais qu'ici je vis captive et que les vieux ne me laissent pas plus sortir qu'ils ne te permettent à toi de rentrer. Ah ! de quel cachot je m^ échappe... Oui y aurai soin de prendre des souliers de rechange que je mettrai sitôt que nous serons dans la voiture^ car l'herbe du bas du jardin est trempée.

Comment peux-tu me demander encore si je suis résolue et prête ? Mais mon amour ^ voici des mois que je me prépare et que je me tiens prête! des années que je vis dans l'attente de cet instant ! — Et si je ne vais rien regretter ? — Tu n^as donc pas compris que j'ai pris tous ceux qui Rattachent à moi en horreur^ tous ceux qui nC attachent ici. Est-ce vraiment la douce et la craintive Isa qui parle P Mon amiy mon amant^ qu'avex-vous fait de moi^ mon amour?...

J'étouffe ici ; je songe à tout V ailleurs qui s'entr'ouvre.,. J'ai soif....

J'allais oublier de te dire qu'il n'y a pas eu moyen d'enle- ver les saphirs de l'écrin^ parce que ma tante n'a plus laissé ses clefs dans sa chambre ; aucune de celles que j'ai essayées n'a pu aller au tiroir. Ne me gronde pas ; j'ai le bracelet de maman, la chaîne émaillée et deux bagues — qui n'ont sans doute pas grande valeur puisqu'elle ne les met pas ; mais je crois que la chaîne est très belle. Pour de l'argent... je ferai mon possible ; mais tu feras tout de même bien de t 'en pro- curer.

A toi de toutes mes prières. A bientôt^ ton Isa.

Ce 11 Octobre, anniversaire de ma 'vingt-deuxième année et veille de mon élargissement.

�� �