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SUR LA CRITIQUE AU THÉÂTRE
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ne la met au service de sa perspicacité. Entre son jugement et la chose qu’il juge, malgré moi je soupçonne toujours, en tiers, quelque arrière-sentiment. Il ne communique pas directement avec l’objet de son discours. Il ne colle pas à son propos. Il échappe, par mille à-côtés. On le dirait moins soucieux d’établir une appréciation que de l’éluder, de la fleurir au moins. Et quand, par rencontre, il s’affirme, en haussant un peu le ton, avec une nuance d’impatience et de brutalité, cela surprend sans émouvoir, sans conquérir. C’est comme la poignée de main trop cordiale d’un inconnu.

Je sais bien qu’on peut contester à la plus forte critique une influence sur le goût public et sur la moralité des auteurs, davantage encore sur la destinée des ouvrages dramatiques. Aussi demanderai-je à ne point la tenir pour vaine alors qu’elle se montrerait parfaitement inutile. Dira-t-on qu’il est peu charitable et même assez ridicule de s’armer de toute son éloquence contre de petites comédies dont l’insuffisance saute aux yeux de chacun ? Je répondrai que l’insuffisance ne saute, en général, aux yeux de personne ; qu’au surplus nous nous devons à nous-mêmes de nous opposer, selon nos moyens, aux fort vastes entreprises qu’on voit aujourd’hui se fonder sur la crédulité des gens ; que volontiers enfin nous mettrions la sourdine à notre indignation, si tant