Page:NRF 5.djvu/175

Cette page n’a pas encore été corrigée

WOTES 169

�� ��DISTRIBUTION DE PRIX.

C'est, paraît-il, une nécessité des temps, de tous les temps. Louis XIV octroyait aux écrivains de son époque des pensions autrement larges et ceux-ci n'en rougissaient pas. Nous n'avons donc pas à rougir pour les nôtres, qu'ils se trouvent acciden- tellement honorés par ces messieurs de l'Académie Goncourt ou ces dames de la Vie Heureuse. Avouons-le, la faveur de nos princes et de nos princesses de lettres ne s'exerce pas plus mal aujourd'hui (ni mieux d'ailleurs), qu'autrefois la faveur royale : elle demeure hasardeuse et incohérente. Oh ! la sanction perd beaucoup de son efficace qui couronne indifféremment un Chapelain et un Racine, et en même temps que M"" Marguerite Audoux, n'importe qui. Je dis tant mieux, car nul ne sera plus tenté ainsi de prendre pour un tableau des valeurs littéraires, un palmarès.

Un de nos collaborateurs a parlé ici, comme il convenait, de Marie-Claire, je n'ai donc pas à réentreprendre l'éloge de cet admirable roman. Mais je puis bien déplorer en passant, la dépréciation injuste dont il risqua de souffrir, quand on le vit entrer en compétition avec tel ou tel autre livre non méprisable, mais d'une qualité infiniment moins rare.

Marie-Claire est un livre exceptionnel par l'accord de l'inspiration, centrale, sincère, authentique, et de l'art littéraire le plus sûr, le plus pur, le plus doué de tact, de mesure et de force, qu'il nous ait été donné de goûter depuis longtemps. Je considère comme inoui que son triomphe ait pu être mis seulement en question à l'Académie Goncourt ou dans le cercle de la Vie Heureuse. Là, comme ici, je sais bien qu'U eût triomphé en fin de compte... Mais c'était trop déjà d'avoir osé lui opposer les contes de M. Louis Pergaud par exemple. C'est à croire que l'on ne sait plus distinguer ce qui est proprement de l'art, de la simple " littérature," ce qui naît d'une force intime et prend forme nécessairement, des

�� �