Page:NRF 5.djvu/136

Cette page n’a pas encore été corrigée

130 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

OÙ il en retirait l'appoint nécessaire à son jeu. C'est clair, n'est-ce pas ? " Le ton dont il me donnait ces détails me déplut. D'ailleurs j'aurais été enchanté qu'il me fournît un prétexte pour le gourmer. Et puis, à dire vrai, cette façon de tricher me paraissait bien invraisemblable. " C'est clair, en effet, lui répondis-je, mais les choses n'en peuvent demeurer là. Veuillez donc me donner votre nom et signer le procès-verbal que nous allons rédiger sur le champ au secrétariat du Cercle. Les faits dont vous parlez feront l'objet d'une enquête... " Vous comprenez, je disais cela au hasard, pour le tâter. Il aurait dû se rebiffer, le prendre de haut. Pas du tout, il se mit à bredouiller que ce n'était pas la peine, qu'il était inutile d'ébruiter l'aventure et qu'au demeurant il ne portait pas plainte. Pour le coup, je ne doutai plus. Résolument, j'entraînai mon homme dans un coin et risquant le tout pour le tout : " Mon cher monsieur, lui dis-je, vous avez menti. Vous allez me dire la vérité tout de suite ou je vous jure bien qu'il vous en cuira. " Et alors, devant cette menace, savez-vous ce qu'il m'avoua ? Tout simplement que la scène d'un bout à l'autre avait été concertée avec Latour lui-même qui l'avait payé, vous m'entendez, pour l'y faire jouer son rôle... A présent vous savez tout et m'accorderez, je pense, que la réalité n'est pas moins déconcertante que la version de tout à l'heure. Ne me demandez pas, après cela, quel a été le dessein de Latour en machinant cette comédie j je ne pourrais que vous répéter que je n'en sais rien. Il a perdu sa peine en tout cas, car je n'ai pas lâché son com- père qu'il n'eût répété devant tous ce qu'il venait de me confier en particulier... "

Un silence suivit ce récit. Boboli et Chariot considé-

�� �