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��L'OMBRAGEUSE

[fin) VIII

Le menton appuyé sur ses mains, l'Ombrageuse se tenait mornement assise près d'une fenêtre entr'ouverte, quand, vers la fin de l'après-midi, Boboli fit irruption dans l'appartement. Agitée et toute en nage, elle se laissa tomber sur une chaise et sans prendre le temps de souffler :

    • Sais-tu ce qui se passe ? commença-t elle. On vient

d'expulser Latour de la salle de jeu du Casino... "

Isabelle avait redressé à demi son beau visage que la lassitude et l'ennui obscurcissaient. Un instant, elle con- sidéra en silence la jeune femme qui fixait sur elle ses grands yeux eflfarés où les larmes étaient prêtes. " Quelle est cette sotte invention, " fit-elle, enfin, en haussant les épaules.

  • ' Eh ! crois-tu que je l'aie forgée de toutes pièces !

reprit Boboli. Il paraît qu'il a triché, on l'a surpris, et il a été exécuté séance tenante. Je n'en sais pas plus long pour le moment. Cela m'a suffi du reste et je n'ai guère songé à en demander davantage. Mais pour vraie, l'histoire l'est assurément, on ne parle que de cela dans toute la ville... "

L'Ombrageuse ne répondit pas tout de suite. Immobile et comme distraite, elle s'était détournée à nouveau ; une

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