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808 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE


La phrase de Roosevelt, en effet, rappelle celle de Whitman ; cette phrase qui ne finit pas, où s’insèrent de longues énumérations abstraites et passionnées, où tous les mots de la langue — semble-t-il — éclatent et s’épanouissent. Comme un pêcheur son filet, Roosevelt lance ses mots au-dessus de la foule, les fait planer une seconde en s’arrêtant brusquement sur la syllabe accentuée, puis les ramène vers lui en traînant…

Il faut entendre prêcher cet Américain, pour apprendre à jeter, vers « la silencieuse mer des visages », ce verset de Walt Whitman comme un appel des bras :

I will plant companionship thick as trees along all the rivers of America, and along the shores of the great lakes, and all over the prairies,
I will make inseparable cities with their arms about each other's necks,
By the love of comrades,
By the manly love of comrades.

— Ceux qui ne connaissaient point l’anglais auront été bien déçus quand ils auront connu le sens de cette parole farouche.

Je ne revois plus, moi-même, en lisant son discours, le rude pionnier du Nouveau Monde, le citoyen de la « République géante de l’ouest ». C’est « un riche laboureur sentant sa fin prochaine » qui déverse son intarissable sagesse ; c’est un vieil Anglais, le soir, quand la factory est fermée, qui révèle à son auditoire, sous forme de sentences, les douze moyens d’arriver honnêtement.

— Nous lui avions prêté Froissart et la Chanson de Roland ; il nous rapporte la Science du Bonhomme Richard.

A.-F.


Nous parlerons, dans notre prochain! numéro, de la traduc- tion des Poésies complètes d’Edgar Poe que vient de publier Gabriel Mourey et de la Chronique du Chaperon et de la- Braguette par Tristan Klingsor.

Le Gérant : ANDRÉ Ruyters. The St. Catherine Press Ltd. (Ed. Verbeke & Co.), Bruges, Belgique.

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