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582 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

regretté que sa propagande, autrefois si libre et si généreuse, fût gâtée par un ton d'âpre critique et de dogmatisme étroit. Parce qu'il est mécontent, non sans cause, il prend pour alliés tous les mécon- tents, et ceux-là même dont l'idéal est le pli différent du sien. Parce que le désordre l'offens< il subordonne tout progrès à son impatient besoin d'ordre, de discipline, d'autorité ; une autre part, et non la moindre, de sa pensée personnelle ne parvient plus que rarement au jour. Il oublie tout ce qui le rattache à Proudhon pour suivre unique- ment Auguste Comte. Assurément il n'a pas tort d'aimer entre tous un maître qui, pénétré du senti- ment social, sait amener des esprits trop soucieux d'harmonie abstraite à mieux concevoir les exi- gences d'un ordre réel et concret ; il n'a pas tort, dans l'émouvant petit livre qu'il lui a consacré, de parler en apologiste plutôt qu'en historien, ni d'insister sur les thèses les plus bienfaisantes du positivisme. Seulement, il n'accepte pas que celles- là ; il exige impérieusement notre adhésion à la doctrine entière ; les objections des philosophes ne sont pour lui qu'ergotages dialectiques, où se trahit un orgueil rebelle ; — comme si, par respect pour Comte, nous pouvions fermer les yeux aux défauts de sa puissante pensée ; et comme si le plus bel hommage à lui rendre n'était pas d'incorporer ses solides enseignements dans un ensemble plus large et plus complet de vérités !

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