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474 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

petite rigole où Ton couche les porte-plumes au repos. Nous semblons encore, aux secondes de répit, des épigraphistes absorbés à déchiffrer les multiples hiéroglyphes de noms propres incrustés dans le bois ; mais, vraiment, nos esprits sont ailleurs, bien loin, là-bas dans le poudroiement des campagnes. Ils vagabondent le long des blés à demi couchés, au bord de la rivière qui scintille sous le rempart des saules, parmi les prés tachés de coquelicots, de boutons d'or et de safrans !

Nous entrons en courant dans ces " chemins ombragés, " nous franchissons d'un saut hardi ces " hautes barrières formées d'un seul tronc de chêne, " nous cueillons l'aubépine de ces haies d'où giclent de gros merles bruyants. Comme on se rappelle telle heure de galopade, telle minute de liberté joyeuse sous un soleil éclaboussé de rayons !

Les jambes nous démangent ; instinctivement nos bras se tendent pour saisir de la lumière et du bonheur. Puis la conscience nous revient et, la seconde d'enivrante suggestion passée, quelque chose d'acre nous prend à la gorge ; notre cœur gonflé voudrait se déchirer dans un sanglot ; nous refoulons à grands coups les larmes hésitantes au bord des cils, toutes prêtes à couler.

Cependant l'automne boudeur avait encore des journées de chaude gaîté. Elles passaient par

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