Page:NRF 3.djvu/319

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 309

bientôt elle s'adresse à Pierre, qui lui aussi a pris d'elle le mal. Pierre pardonne et il va la sauver sans doute. Mais comment voulez-vous que ce ne soit pas la force et Nietzsche qui triomphent ? Bubu sortira de prison et viendra réclamer sa femme, et Pierre sans courage la donnera. On connaît l'atroce scène nocturne. Ainsi finit Bubu, rigoureux comme un théorème dont les chiffres seraient vivants.

Et certes dans le Père Perdrix on jouira d'une expansion lyrique plus large. Ici on sent la vie de Paris qui se bute aux murs des rues, aux murs des chambres, et dont l'élan semble rabattu sur lui-même. Quoiqu'on en puisse dire, Philippe a bien senti Paris — et nul ne l'a jamais mieux peint. Mais il y a plus dans ce livre que des tableaux achevés et qu'un lyrisme qui se bride. A dater de Bubu, maître de sa sensibilité et de sa forme, Philippe prend possession des êtres. Et jusqu'où ne

Rt pas allée sa volonté de divination ? Car nous t'aimions, grand humble ami, d'abord pour la ilicatesse de ton cœur qui s'avouait si simplement en chaque

ne, pour ta sensibilité à la fois si peuple et si rare que tu

avais gardée intacte sans effort... — mais pour ton effort aussi et la petite volonté tendue vers un but très fier et très haut, celui des grands livres de la quarantaine. Et autant, donc, que tes dons admirables, c'est ton courage au travail que je pleure en relisant Bubu, le courage du bon artisan que fut ton père : voilà du bon et bel ouvrage, oui !..

Je songe aussi, avec une affreuse tristesse, que comme Pierre Hardy, tu courais au plaisir, et désirais en forcené la fête. Même tu as compris que l'on pût décider, comme fit Bubu de Montparnasse, d'y sacrifier tout, et le travail et sa noblesse — mais toi, tu ne l'as pas fait.

H. G.

��LE PERE PERDRIX, paru dans la Revue Blanche. Biblio- thèque Charpentier, 1903.

Connaissez-vous la Forge, le tableau des frères Lenain qui tst au Louvre ? A gauche du groupe formé par le forgeron,

�� �