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ENFANCE ET JEUNESSE I 89

62, rue St Dominique. " Les chambres sont répugnantes de saleté, mal tenues. Pour vous en donner une idée, voilà bientôt trois mois qu'on n'a pas changé les draps de mon lit. Ma cuvette et mon pot-à-eau ont des couches de crasse qui datent de si longtemps qu'elles ne veulent pas s'en aller, même en frottant et grattant avec de l'eau chaude. " 1 II rêve d'acheter des meubles ; mais où trou- ver les deux ou trois cents francs qu'il faudrait ? A la fin d'octobre, il s'installe rue des Mauvais-Garçons, dans un hôtel moins minable. "J'ai une petite chambre propre donnant sur la rue, et qui a même un balcon... Mon mobilier se compose de deux chaises, d'une table, d'une table de nuit, d'un lit, d'une armoire à glace et d'un poêle". 2 Il prépare l'examen de commis des Ponts et Chaussées : " J'aurais alors seize cents francs par an. Si je te disais que cette somme me semble un rêve irréalisable, tant je suis habitué à la détresse ". 3 En attendant, il vit en cénobite, " parmi du pain et du fromage de Cantal ". Mais il ne se trouve pas trop malheureux : " Le présent, l'avenir, tout me pèse, et la vie pourtant me semble douce. Concilie cela, si tu peux ". 4

Il ne pense pas qu'à sa propre misère. Sa conscience éveillée devient " conscience de classe "; des idées révolu- tionnaires mûrissent en lui. Il ne faut pas se représenter trop simplement cette époque de sa vie. On pourrait croire que se trouvant en contact avec un groupe d'écri- vains libertaires ou socialistes, il épousa, pour un temps,

1 Lettre à ses parents, 25 oct. 1896.

  • Lettre à ses parents, déjà citée.

s Lettre à l'auteur, janvier 1896. 1 Lettre à l'auteur, 25 fév. 1896.

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