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LE LYRISME DE GŒTHE IO5

convient par excellence aux Elégies romaines, où les monuments de Rome se dressent, en un décor imaginaire, autour de cette Christiane qui deve- nait alors pour lui ce que fut Délie pour Tibulle, ou pour Properce, Cynthie. Ces Elégies sont une œuvre composite, dont la beauté savante échappe aux cœurs naïfs : il faut être amoureux d'art autant que de volupté pour sourire au poète scandant du doigt ses vers sur le dos de sa maîtresse endormie. Mais pour qu'un reflet de la Grèce visi- tât la sombre Allemagne, le culte des marbres parfaits n'eût pas suffi, ni la sensualité qui choqua les contemporains, si ces deux éléments ne s'étaient alliés dans une âme pour un temps toute païenne; la devise du paganisme moderne tient bien en ces deux vers chuchotes par l'Amour à l'oreille du poète :

L'Antique était nouveau, quand ces heureux vécurent ; Vis heureux ! et qu'ainsi le passé vive en toi !..

Une fois adoptée, la forme du distique se prête à des emplois divers. Dans les Epigrammes 'vénitiennes, fruits d'un second séjour en Italie, les tableautins ou les eaux-fortes où revit un spectacle de la rue, se mêlent à d'authentiques epigrammes — contre le peuple italien, le christia- nisme et la révolution, qui de Martial imitent librement la verve caustique, non l'obscénité. Puis les Xénies dispersent, sur la foule des ennemis

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