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51 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

...Entre ses moustaches et sa barbe, on voyait, comme une rose, sa jolie bouche éloquente, petite et fraîche, dessinée avec une admirable perfection. Ce visage était partagé par un nez carré, remarquable par une flexuositè qui régnait dans toute la longueur, et qui produisait sur le bout des méplats significatifs, en harmonie avec la force prodigieuse exprimée par cette tête impériale...

...Quoique charmante, la bouche avait une expression de cruauté. La chasteté commandée par de vastes desseins, exigée par tant de maladives dispositions, était écrite sur ce visage. Il y avait des regrets dans la sérénité de ce front puissant, et de la douleur dans le regard de ses yeux dont le calme effrayait.

(p. 208).

Je ne puis copier en entier ce portrait remarquable, que des considérations physiologiques, comme il advient souvent avec Balzac, alourdissent un peu. Il est fâcheux que les seules paroles qu'il prête au coléreux réformateur soient à la fois excessives et très peu révélatrices. Balzac redevient excellent lorsqu'il parle des " momiers " :

Avoir des mœurs, selon les momiers, cest renoncer aux arts, aux agréments de la vie, manger délicieusement, mais sans luxe, et amasser silencieusement de V argent, sans en jouir autrement que comme Calvin jouissait de son pouvoir, par la pensée. Calvin donne à tous les citoyens la même livrée sombre qu'il étendit sur sa vie. (p. 205.)

Le portrait des momiers, dans la Catherine de Balzac, est à Calvin ce que le portrait des jésuites dans les Provinciales est à Loyola. Ici et là il n'y a plus que la mécanisation sans l'esprit moteur. Tout ce que Balzac dit du caractère de Calvin, il eût pu le dire du caractère de Saint Paul. Il oppose à Pitt, Luther, Calvin, Robes-

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