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5IO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et, tout en s'acheminant, chapeau bas, avec nous, il reprit :

— Je me doutais bien que votre excellent mari avait gardé un faible pour Tourneur.... Après tout, si ce dernier a fait une sottise, il l'a expiée plus chèrement que de raison. Il paraît que sa femme le rendait horriblement malheureux. On racontait à la minute qu'il avait eu son attaque à la suite d'une scène de ménage...

— En êtes-vous si sûr que cela, monsieur Servonnet ? demanda maman avec vivacité. Je croyais que monsieur Tourneur avait été frappé loin de chez lui, au sortir de la cure.

— C'est bien possible, dit le vieux cancanier, à qui toutes histoires étaient bonnes, et qui ne tenait à aucune version en particulier. Je ne suis que l'écho de la rumeur publique...

— Qui ne brillait, selon son ordinaire, ni par la bien- veillance ni par l'exactitude. Rien que par cet exemple on peut juger de la valeur de ses renseignements.

— Eh ! eh ! il y a là beaucoup de vrai, madame Landry... Mais pour en revenir à Tourneur, ne craignez- vous point que votre mari ne se compromette en renouant avec lui ?

— On ne se compromet pas, j'imagine, au chevet d'un malade.

— Je vous l'accorde ! La situation est tout de même assez délicate, ne serait-ce qu'à cause de vous. . .

— A cause de moi ? Si vous saviez, monsieur Servonnet, combien peu cette situation me gêne !

— Ce n'est pas moi qui vous blâmerai de votre largeur d'esprit. . .

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