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UNE BELLE VUE S°7

ne semblait point que la belle action dont il venait de rece- voir tant d'applaudissements eût rendu à son âme paix et sa- tisfaction. A voir son abattement, on eût même pu supposer qu'il la regrettait.

J'appelais de tous mes vœux la chance d'assister à son prochain entretien avec maman à laquelle il ne pouvait se dispenser de conter tout chaud l'aventure la plus extraordinaire du monde. Je palpitais de curiosité. Le mystère qui m'avait tant intrigué, et sur lequel je possédais des notions de plus en plus contradictoires, allait-il enfin s'éclaircir ? Je pris mes dispositions en conséquence. Mais on m'éloigna sous un motif quelconque. Marri de la déconvenue, je me mis en quête de Marguerite afin de lui confier la grande nouvelle. Je trouvai ma sœur en prières dans son oratoire, et alors, pris d'une explicable pudeur, je retins ma langue.

La conversation de mes parents eut un résultat mani- feste. Tous deux se montrèrent à l'heure du dîner avec un visage particulièrement serein. Mon père ne se res- semblait plus. Du fond du cœur, je remerciai maman, l'artisan non douteux de cette métamorphose, et je com- mençai de me réjouir de tout ce qui était arrivé.

XVIII

Le surlendemain, à mon réveil, mille choses à quoi je n'avais pas encore songé se mirent à me trotter par la cervelle. A la vue de mes vêtements du dimanche, pré- parés sur une chaise, je me rappelai tout soudain que mon père et M. Tourneur s'étaient réconciliés. Les deux amis allaient se retrouver en présence, accompagnés chacun

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