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43° LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la briser, et son emploi permet sans reniement le retour vers des formes moins hardies ".

La phrase ici soulignée n'énonce pas un juge- ment dogmatique ; c'est en historien qu'il faut l'entendre. Mon opinion sur la technique du vers français n'eût été guère à sa place dans cette étude sur un poète allemand. Une seule affirmation m'in- téressait, que je maintiens : Les " vers libres " de Goethe ne sont pas l'équivalent de ce qu'on nomme " vers libres " en français ; car ils soutien- nent un tout autre rapport avec la tradition de leur pays, — c'est-à-dire, non pas seulement ni surtout avec les doctrines des métriciens, mais avec les habitudes des lecteurs et la pratique raisonnée des poètes.

L'histoire du vers allemand n'est pas si simple, et je ne la possède pas si bien, qu'il m'appartienne d'en tracer même une insuffisante ébauche. Du moins est-il hors de doute que ce vers, dès l'ori- gine, fut un vers accentué ; que l'accent germani- que, sans être toujours aussi dur, aussi affreusement marqué que l'imagine Ghéon, est un accent fixe, et purement tonique, donc point du tout comparable à cet accent français, à demi musical, qui se modifie et se déplace, — c'est Ghéon qui nous le rappelle — " suivant la situation des syllabes dans la phrase, et suivant le mouvement de la phrase dans le discours " ; que pour cette raison même, le vers syllabique employé par les maîtres-chanteurs

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