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CHARLES BLANCHARD 457

de peu de temps ils étaient deux à savoir que ce qui est de chaque côté de la route n'était pas fait pour eux. Ils ne regardaient rien de peur de perdre leur temps à voir des choses inutiles. L'enfant ne savait pas où mènent les chemins ; il avait vu combien l'espace est grand, les chemins sont destinés à le parcourir ; à chaque pas il croyait qu'il allait falloir marcher toujours. Il ne pouvait s'empêcher de s'en plaindre. Parfois il disait :

— Maman, je suis las.

Un soleil d'été, celui qui éclaire les beaux jours et qui fait qu'à leur heure dernière les hommes mêmes qui, par delà la mort, croient trouver le Ciel ne quittent la Terre qu'en pleurant, un beau soleil embrassait la campagne entière et l'aimait comme un père aime le meilleur de ses enfants. De belles vapeurs d'une couleur bleue montaient vers lui, la campagne semblait lui répondre avec un doux sentiment, l'enfant du soleil le payait de retour. Charles Blanchard de tout cela ne connais- sait qu'une chose. Il disait : — Maman, j'ai chaud.

A force d'avoir chaud, à force d'être las et d'avoir quitté la grand' route pour ces chemins de campagne où les rochers, les pierres, la terre creusée par les larges roues des voitures à bœufs sont des ennemis personnels pour qui les fréquente, ils apercevaient enfin quelque ferme dont la cour était immense et à l'entrée de laquelle veillaient deux chiens jaloux qui n'attendaient pas qu'ils

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