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En toute chose le succès repose sur une juste harmonie des éléments positifs et négatifs. L'esprit du jour est positif, c'est pourquoi l'habiie acteur (s'il joue dans l'après-midi) cherchera à rendre son Nô aussi silencieux que possible, afin de balancer par un jeu négatif l'ambiance positive dans laquelle il baigne.

Ses principes généraux rejoignent ce qui a jamais été écrit de plus juste et de plus pur par ceux qui ont disserté de Kart :

Dans toute imitation, il doit y avoir une pointe d'irréel ; car une imitation poussée trop loin empiète sur la réalité et cesse de donner une impression de ressemblance. Qu'on aspire seulement à la beauté et « la fleur » (l'émotion artistique) apparaîtra sûrement. En jouant le rôle d'un vieillard, l'acteur s'efforcera dans sa danse de reproduire seulement raffinement de l'âge et son caractère vénérable... S'il se con- tente d'imiter les genoux et le dos cassés, il donnera l'apparence de la décrépitude, mais ce sera aux dépens de la fleur.

Si les revenants sont terrifiants, ils cessent d'être beaux, car la terreur et la beauté sont aussi éloignées que le blanc et le noir.

Devant les rôles d'enfants, même bien joués, l'auditoire risque tou- jours de s'écrier avec dégoût : Ne harcelez pas nos sentiments de cette manière !

Ces quelques principes cueillis parmi les abondantes citations que M. Waley fait de Séami, suffisent à montrer la lucidité du dramaturge japonais. Quand un auteur s'élève à un accent si voisin de celui de Goethe, il mérite que nous nous approchions de son œuvre avec une curiosité avide et que nous lui fassions assez de crédit pour en débroussailler l'accès.

JEAN SCHLUM BERGER

Le volume consacré au Théâtre chinois que publie l'éditeur de Brunoff contient de fort beaux dessins de costumes et de masques dus à M. Alexandre Jacovleff. Quant au texte de M. Tchou-Kia- Kien il est naïf et, semble-t-il, d'une information peu sûre. C'est de la pacotille d'exportation pour barbares européens.

j. s.

TROIS MYSTÈRES TIBÉTAINS, traduction, intro- duction, notes et index de Jacques Bacot. Bois gravés d'après des dessins de L. Gohubew (Bossard).

Le théâtre tibétain est un parent pauvre du théâtre japonais.

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