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RECONNAISSANCE À DADA


On a déjà beaucoup parlé de Dada. Certains trouvent qu’on en a trop parlé et s’étonnent de l’indulgence dont la Nouvelle Revue Française fait montre à son endroit. Personnellement il ne pourrait rien m’arriver de plus désagréable que d’être soupçonné de faiblesse envers une mode ou de ce consentement par timidité qu’arrache aux esprits pusillanimes toute innovation, si abracadabrante soit-elle. Aussi ne crois-je pas inutile d’indiquer ici brièvement les quelques traits par où Dada m’est sympathique et fait, si j’ose dire, mon affaire.


I


Mais d’abord étonnons-nous qu’il se soit trouvé des gens pour se fâcher de ses gentillesses. Il faut avoir vraiment bien mauvais caractère. Quand bien même son intention de nous exaspérer serait patente, quel meilleur moyen de la déjouer que le sourire et la complaisance ? André Gide du premier coup a trouvé l’humeur qu’il fallait montrer. Si j’osais lui reprocher quelque chose, ce serait seulement de ne pas l’avoir eue assez