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Son Séraphin doré ne parle pas, — il chante !
C’est la musique, moi, qui m’a fait croire en Dieu.
— Hardi, ferme, poussez, — crescendo !

Hardi, ferme, poussez, — crescendo !Mais, parbleu !
L’abbé s’est endormi. — Le voilà sous la table.
C’est vrai qu’il a le vin mélancolique en diable.
Ô doux, ô doux sommeil ! ô baume des esprits !
Reste sur lui, sommeil ! Dormir quand on est gris,
C’est, après le souper, le premier bien du monde.

Palforio, entrant.

Une lettre, seigneur.

Rafael, après avoir lu.

Une lettre, seigneur.Que le ciel la confonde !
Dites que je n’irai certes pas. — Attendez !
Si, — c’est cela, — parbleu ! — je — non — si fait, restez.
Dites que l’on m’attend.

Exit Palforio.

Dites que l’on m’attend.Hé, l’abbé ! — Sur mon âme,
Il ronfle en enragé.

L’abbé.

Il ronfle en enragé.Pardonnez-moi, madame ;
Est-ce que je dormais ?

Rafael.

Est-ce que je dormais ?Eh ! voulez-vous avoir
La Camargo, l’ami ?

L’abbé, se levant.

La Camargo, l’ami ?Tête et ventre ! ce soir ?

Rafael.

Ce soir même. — Écoutez bien : — elle doit m’attendre
Avant minuit. — Il est onze heures, — il faut prendre
Mon habit. —

L’abbé se déboutonne.