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VII


Hassan toute sa vie aima les Espagnoles.
Celle ci l’enchanta, — si bien qu’en la quittant
Il lui donna lui-même un sac plein de pistoles,
Par-dessus le marché quelques douces paroles,
Et voulut la conduire à bord d’un bâtiment
Qui pour son cher pays partait par un bon vent.


VIII


Mais la pauvre Espagnole au cœur était blessée.
Elle le laissait faire et n’y comprenait rien,
Sinon qu’elle était belle, et qu’elle l’aimait bien.
Elle lui répondit : « Pourquoi m’as-tu chassée ?
Si je te déplaisais, que ne m’as-tu laissée ?
N’as-tu rien dans le cœur de m’avoir pris le mien ? »


IX


Elle s’en fut au port, et s’assit en silence,
Tenant son petit sac, et n’osant murmurer.
Mais quand elle sentit sur cette mer immense
Le vaisseau s’émouvoir et les vents soupirer,
Le cœur lui défaillit, et perdant l’espérance,
Elle baissa son voile et se prit à pleurer.


X


Il arriva qu’alors six jeunes Africaines
Entraient dans un bazar, les bras chargés de chaînes.