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LXVI


C’était ainsi qu’Hassan, quatre fois par semaine,
Abandonnait son âme au doux plaisir d’aimer.
Ne sachant pas le turc, il se livrait sans peine :
À son aise en français il pouvait se pâmer.
Le lendemain, bonsoir. — Une vieille Égyptienne
Venait ouvrir la porte au maître, et la fermer.

LXVII


Ceci pourra sembler fort extraordinaire,
Et j’en sais qui riront d’un système pareil.
Mais il parait qu’Hassan se croyait au contraire
L’homme le plus heureux qui fût sous le soleil.
Ainsi donc pour l’instant, lecteur, laissons-le faire.
Le voilà tel qu’il est, attendant le sommeil.

LXVIII


Le sommeil ne vint pas, — mais cette douce ivresse
Qui semble être sa sœur ou plutôt sa maîtresse ;
Qui, sans fermer les yeux, ouvre l’âme à l’oubli ;
Cette ivresse du cœur, si douce à la paresse,
Que lorsqu’elle vous quitte, on croit qu’on a dormi ;
Pâle comme Morphée, et plus belle que lui.

LXIX


C’est le sommeil de l’âme et non du corps. — On fume,
On se remue, on bâille, et cependant on dort.