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Irus.

Ninette ! holà, Ninon ! C’est le père. — Silence !
Esquivons-nous, monsieur, nous nous retrouverons.

(Il rentre dans son armoire, et Silvio dans le cabinet.)

Laërte.

Ninon ! Ninon !

Ninon, entrant.

Ninon ! Ninon !Mon père, après l’histoire affreuse
Qui s’est passée ici, j’attends tous vos pardons.
Je n’aime plus Silvio. — Je vivrai malheureuse,
Et mon intention est d’épouser Irus.

(Elle se jette à genoux.)

Laërte.

Je suis vraiment ravi que vous ne l’aimiez plus.
Quel roman lisez-vous, Ninon, cette semaine ?

Ninette, entre et se jette à genoux de l’autre côté.

Ô mon père ! ô mon maître ! après l’horrible scène
Dont cette nuit nos murs ont été les témoins,
À supporter mon sort je mettrai tous mes soins.
Je hais mon séducteur, et je me hais moi-même.
Si vous y consentez, Irus peut m’épouser.

Laërte.

Je n’ai, mes chers enfants, rien à vous refuser.
Vous m’avez offensé. — Cependant je vous aime,
Et je ne prétends pas m’opposer à vos vœux.
Enfermez-vous chez vous. — Ce soir, à la veillée,
Vous trouverez en bas la famille assemblée.
Comme vous ne pouvez l’épouser toutes deux,
Irus fera son choix. Tâchons donc d’être belles ;
Il n’est point ici-bas de douleurs éternelles.
Allez, retirez-vous.

(Il sort. Ninon et Ninette le suivent.)