Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1863.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Ninon.

Je le trouvais si beau !

Ninette.

Je le trouvais si beau ! Je l’avais cru si tendre !

Ninon.

Nous lui dirons son fait, ma chère, il faut l’attendre.

Ninette.

Je veux bien ; restons là.

Ninon.

Je veux bien ; restons là. Comment crois-tu qu’il soit ?

Ninette.

Brun, avec de grands yeux. Il n’a pas ce qu’il croit ;
Nous allons nous venger de la belle manière.

Ninon.

Brun, mais pâle. Je crois que c’est un mousquetaire.
Nous allons joliment lui faire la leçon.

Ninette.

Bien tourné, la main blanche et de bonne façon.
C’est un monstre, ma chère, un être abominable !

Ninon.

Les dents belles, l’œil vif. — Un monstre véritable.
Quant à moi, je voudrais déjà qu’il fût ici.

Ninette.

Et le parler si doux ! — Je le voudrais aussi.

Ninon.

Pour lui dire en deux mots…

Ninette.

Pour lui dire en deux mots… Pour lui pouvoir apprendre…

Ninon.

Et l’air si langoureux qu’on pourrait s’y méprendre !…

Ninette.

Ah ! mon Dieu, quelqu’un vient ; j’ai cru que c’était lui.