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AU LECTEUR
DES DEUX PIÈCES QUI SUIVENT


Figure-toi, lecteur, que ton mauvais génie
T’a fait prendre ce soir un billet d’Opéra.
Te voilà devenu parterre ou galerie,
Et tu ne sais pas trop ce qu’on te chantera.

Il se peut qu’on t’amuse, il se peut qu’on t’ennuie :
Il se peut que l’on pleure, à moins que l’on ne rie
Et le terme moyen, c’est que l’on bâillera.
Qu’importe ? c’est la mode, et le temps passera.

Mon livre, ami lecteur, t’offre une chance égale.
Il te coûte à peu près ce que coûte une stalle ;
Ouvre-le sans colère, et lis-le d’un bon œil.

Qu’il te déplaise ou non, ferme-le sans rancune ;
Un spectacle ennuyeux est chose assez commune,
Et tu verras le mien sans quitter ton fauteuil.