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Pour ne laisser vibrer sur ton luth irrité
Que l’accent du malheur et de la liberté.

XXI

Et pourtant il s’y mêle une douceur divine ;
Hélas ! c’est ton amour, c’est la voix de Nérine,
Nérine aux yeux brillants qui te faisaient pâlir,
Celle que tu nommais ton « éternel soupir. »
Hélas ! sa maison peinte, au pied de la colline,
Resta déserte un jour, et tu la vis mourir ;

XXII

Et tu mourus aussi. Seul, l’âme désolée,
Mais toujours calme et bon, sans te plaindre du sort,
Tu marchais en chantant dans ta route isolée.
L’heure dernière vint, tant de fois appelée.
Tu la vis arriver sans crainte et sans remord,
Et tu goûtas enfin le charme de la mort.

Novembre 1842.